jeudi 18 avril 2013

Jimmy Dawkins

Jimmy Dawkins
 (Tchula, Mississippi, 24 octobre 1936 - Chicago, Illinois, 10 avril 2013)

James Henry Dawkins, plus connu sous le nom de Jimmy Dawkins et surnommé Fast Fingers, vient de disparaître à l'âge de 76 ans. Il n'aimait pas son surnom, du titre de son premier album, qu'il trouvait trop réducteur.


Il faisait partie de ces très bons guitaristes du Chicago Blues qui n'ont peut-être pas eu toute l'attention méritée et qui souvent ont redémarré une carrière sur le tard. Dans son cas, après avoir été un musicien de studio réputé, il s'était consacré de longues années à la promotion d'autres artistes, avant de reprendre les enregistrements et les tournées dans les années 90. De 1969 à aujourd'hui, il aura tout de même sorti une vingtaine d'albums.

J'ai eu du mal à trouver une vidéo potable de Jimmy Dawkins en action, mais celle qui suit me plait à plusieurs titres : on le voit ici avec Tail Dragger, chanteur incroyable, et son Chicago Blues Band comprenant notamment Jimmy Dawkins (à gauche) et Lurrie Bell, autre très bon guitariste. Le morceau dure 13 minutes et il faut en attendre 5 pour enfin entendre un solo de Jimmy Dawkins, mais personne ne semble s'ennuyer dans ce bar et nous non plus. Je vous encourage donc à le regarder jusqu'à la fin.

Edit de 2017 : cette vidéo ayant été supprimée depuis la parution initiale de cet article en 2013, je l'ai remplacée par une autre enregistrée lors d'un passage à la télévision en France en 1971.



dimanche 14 avril 2013

Wee Waa

Lors de l'annonce faite par Daft Punk du prochain lancement de leur quatrième disque le 17 mai 2013 dans la petite ville australienne de Wee Waa, j'ai fait comme tout le monde : je me suis précipité sur Wikipédia et j'ai trouvé un maigre descriptif de quatre lignes. Étant moi-même un contributeur régulier de cette encyclopédie, je me suis attaqué au développement de la page, étonné que personne ne l'ai fait avant moi, malgré l'effet d'annonce. J'ai alors découvert qu'il y avait quelques célébrités locales nées à Wee Waa, parmi lesquelles une paire de musiciens. Écoutons-les.


Alan Dargin (1967-2008) était une des plus grandes vedettes du didgeridoo en Australie. Aborigène, il apprend son instrument dans la tradition et joue un didgeridoo vieux de plus d'un siècle et naturellement creusé par les termites dans le bois d'une espèce d'eucalyptus aujourd'hui disparue, le bloodwood tree.  À l'âge de 35 ans, il se fait exploser des veines de la gorge en jouant de son instrument. Il continue bien sûr à jouer malgré l'avis contraire des médecins et meurt d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 40 ans.


Lonnie Lee (1935-) est un chanteur ayant entamé sa carrière dans les registres rockabilly et rock'n'roll de la fin des années 50 jusqu'en 1969.


Il est alors le premier australien à avoir une pochette d'album entièrement en couleur, et aussi le premier australien à enregistrer un album en stéréo. Dans les années 70 il s'installe aux États-Unis et écrit pour divers chanteurs,  principalement dans le genre country. De retour en Australie en 1984, il a depuis sorti une vingtaine de disques, anime des émissions à la télé et a repris ses tournées.

mercredi 3 avril 2013

Musique de l'Égypte antique

A quoi pouvait ressembler la musique de l'Égypte antique ?


Nous ne savons que très peu de choses de la musique de l'antiquité, et encore moins en ce qui concerne la musique égyptienne de cette époque. C'est la forme de musique connue la plus ancienne après celle des sumériens, et son évolution s'est faite sur plusieurs millénaires. Les vestiges archéologiques abondent en représentations de chanteurs et chanteuses, de danseurs et de musiciens avec leurs instruments. On trouve également de nombreux textes destinés à être chantés, hymnes pour les dieux ou pour les morts, chansons de fêtes ou pour toutes sortes d'occasions, et même la plus vieille chanson d'amour connue, vieille de presque 4300 ans (du règne de Pépi 1er sous la VIème dynastie). Il existe enfin des restes d'instruments, et les musicologues se sont depuis longtemps attelés à essayer d'en restituer des copies jouables. Toutefois, il n'existe pas, comme pour la musique de la Grèce antique, de partitions (même fragmentaires) sur lesquelles s'appuyer. Il a donc fallu extrapoler pour essayer d'imaginer ce que pouvait être la musique jouée à cette époque.

Le premier réflexe des musicologues a été de se tourner vers la musique liturgique copte, dont la tradition remonte, précisément, à l'Egypte antique. On a alors une première idée de quel était ce son.



La reconstitution d'instruments d'époque a permis de constater la présence d'un calibrage des instruments afin qu'ils sonnent à peu près tous pareils. Les sons produits par les flûtes typiques de ce temps ont également soulevé l'hypothèse que les gammes dites "pythagoriciennes" (donc inventées par les Grecs), à l'origine de nos gammes modernes, auraient déjà existé, au moins en partie, chez les égyptiens. Au moins deux gammes de sept notes semblent avérées : une diatonique ayant évolué progressivement vers celle de la mineur, et une autre sans doute importée des contrées Perses et plus proche des gammes arabes modernes.

Les tentatives d'interprétation de musique dans le style "Egypte antique" sont nombreuses, mais pas toujours heureuses. Certains résultats donnent l'impression d'écouter la bande son d'un péplum orientalisant ou, pire, un sorte de lounge oriental new age. Il y a eu, heureusement, des tentatives sérieuses. Celle que je préfère est celle de Soliman Gamil, professeur égyptien ayant lui-même reconstitué des instruments d'époque.


Pour approfondir le sujet, voir :
bubastis.be : une présentation détaillée de la musique égyptienne, à travers ses fonctions sociales, ses instruments, sa mythologie, son écriture embryonnaire et ses traces dans la musique d'aujourd'hui.
Egypte antique.fr : présentation plus approfondie des instruments, des notes et des rythmes supposés.

Illustration : Musicien et danseuse dans une tombe à Thèbes [anonyme, domaine public] (via Wikimedia Commons)

lundi 1 avril 2013

Top 2012

Comme chaque année, et à l'instar de beaucoup d'autres mélomanes compulsifs, j'essaye de constituer mon best of des nouveaux albums sortis et dignes d'être retenus. L'année 2011 était, de mon point de vue, un bon cru (voir le top 5 et le classement complet ). On y trouvait un peu plus de 80 bons disques dont une dizaine très bons et deux disques dignes de passer à la postérité.
Si j'ai tant tardé à publier mon top 2012, c'est que, malheureusement, le niveau n'a pas été le même cette année. Malgré plus de 300 disques écoutés et notés, je n'ai cette année qu'une soixantaine de bons disques dont seule une poignée est sortie du lot et un seul possède le potentiel pour survivre à l'épreuve du temps (bien que ce ne soit pas le plus facile). J'ai donc prolongé mes écoutes d'albums de 2012 en espérant vainement tomber sur une dernière pépite, mais non... rien n'est venu.
On trouvera ici mon classement complet.

Voyons tout de même les cinq disques à retenir pour cette année 2012.

En cinquième position, BBNG2 de Badbadnotgood.
Origine : Toronto, Canada.  Genre : Jazz fusion / Instrumental hip hop.
Note : 8,36/10
Ce groupe apparaissait déjà dans ma sélection canadienne de nouveautés 2012 .



En quatrième position, Prayer Flag de Pickering Pick.
Origine : né en 1978 à Cheltenham (Royaume-Uni).  Genre : Folk.
Note : 8,36/10



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En troisième position, ƒIN de John Talabot.
Origine : né à Barcelone en 1982.  Genre :  Balearic Beat, Deep House.
Note : 8,36/10
Ce disque apparaissait déjà sur ma sélection espagnole de 2012.


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En deuxième position, Solidarity de The Souljazz Orchestra.
Origine : Ottawa, Canada.  Genre :  Afrobeat, Soul Jazz
Note : 8,4/10
Ce groupe apparaissait également dans ma sélection canadienne de nouveautés 2012 .


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En première position, l'album éponyme de Krzysztof Penderecki et Jonny Greenwood.


Krzystof Penderecki (né à Dębica, Pologne, en 1933), est un compositeur contemporain, aujourd'hui dans un style néo-classique, voire post-romantique.
Jonny Greenwood (né en 1971 à Oxford), c'est le guitariste et arrangeur de Radiohead, classé 60ème meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone, et également compositeur.
Les deux protagonistes s'admirent mutuellement, malgré leur différence d'âge et leurs parcours différents, et ont déjà souvent collaboré. Ce disque est donc structuré comme un hommage en question réponse, les pièces de Greenwood succédant à celles de Penderecki, dont il s'est inspiré. L'ensemble est très sombre, voire par moments angoissant, mais malgré tout magnifique dans les effets orchestraux obtenus.
Ce disque n'est certes pas facile, mais c'est à mon avis le seul digne de passer à la postérité pour l'année 2012.
Note : 8,8/10

Ecoutons la fin de l'album, au crédit de Greenwood.

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A noter, les gagnants de deux autres classements auxquels j'ai contribué par mes votes sur les différents disques notés.

Top 2012 de Rate Your Music, base de données collaborative.
The Seer par les Swans (New York, 1982)   8/10
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Le Top 2012 de La musique a son top, blog participatif.
Album éponyme de Barna Howard (né dans le Missouri, vit aujourd'hui à Portland, Oregon)   8/10
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